LE TRAFIC DE CONSPIRATION DÉTRUIT LA VIE SOCIALE  – Dans le tissu résidentiel très dense de Molenbeek, la rue PICARD straat fait partie du réseau de raccourcis qui permet aux automobilistes d’éviter les grands axes. Poussés par leurs applications de navigation, les automobilistes conduisent souvent stressés et trop vite dans des rues anonymes pour rentrer chez eux le plus vite possible. Ce trafic de délestage n’a fait qu’augmenter lors de la fermeture des tunnels.  Les flux permanents du trafic motorisé omniprésent rendent la vie sociale impossible dans les quartiers souvent très peuplés. Les habitants se connaissent à peine. Ils prennent généralement la voiture pour trouver le plus rapidement possible des endroits plus agréables. Les enfants restent à l’intérieur parce que c’est trop dangereux dans la rue. Le trafic automobile repousse la vie sociale derrière les façades. Ces quartiers ont besoin d’un espace extérieur de qualité. Les immeubles sont principalement constitués d’appartements qui n’ont pas de terrasse ni de jardin. Les familles avec enfants vivent sur de petites surfaces. Le quartier a besoin d’un espace de jeu extérieur.

SÉCURITÉ ROUTIÈRE – Les carrefours de la rue PICARD straat avec le boulevard du Jubilé et la rue Vanderstichelen sont dangereuses. De nombreux accidents et “quasi-accidents” se produisent. L’amalgame des rues et la pression excessive du trafic transforment ces points en nœuds gordiens où les automobilistes perdent également le nord. Le passage sur le site propre tram/bus du Boulevard du Jubilé est le point le plus dangereux. Les automobilistes qui traversent le boulevard remarquent trop tard que les trams et les bus arrivent à vive allure. Les camions se retrouvent bloqués au milieu du carrefour qui n’est pas adapté aux rayons de braquage de semi-remorques. Bien que la rue PICARD straat ait une grande largeur de façade à façade, il n’y a pas de place pour ajouter une piste cyclable aux deux bandes de stationnement et aux deux voies de circulation. Le grand axe de liaison, le Boulevard du Jubilé, ne dispose pas non plus de pistes cyclables séparées. Les enfants utilisent les trottoirs pour rouler à vélo.

LE GRIS ET LE NOIR SONT LES COULEURS DOMINANTES – Dans la rue PICARD straat, il n’y a pas un seul arbre. La rue est pavée à 100 % et pendant les mois d’été, le soleil brûle l’asphalte et il fait désagréablement chaud. C’est une rue gris-noir où même les plus beaux bâtiments sont tristes à voir.

BIENVENUE DANS LA RUE ! – La rue dans le quartier et le quartier dans la ville. Si on regarde un plan du quartier où tout l’espace bâti est coloré en noir, et où le non construit apparaît en blanc, il est frappant de constater à quel point le bâti occupe presque tout l’espace. En dehors du quartier, deux grands parcs se distinguent : le Parc Elisabeth et le parc de Tour et Taxis. 

Outre le manque d’espace ouvert pour séjourner, il y a un manque affligeant de liaisons sécurisées à pied et à vélo. La combinaison des deux offre une opportunité intéressante de relier les parcs et les espaces ouverts existants avec des itinéraires de rues agréables à vivre. 

Le plan régional de mobilité GoodMove vise à interdire la circulation de transit dans les quartiers en classant les routes de quartier et les routes principales. Sur les routes de quartier, le logement et la mobilité douce sont prioritaires. Le flux du trafic de transit sera rendu impossible. Ainsi, les zones résidentielles deviendront de grandes mailles apaisées dans la ville. La rue PICARD straat montre non seulement comment ce nouvel espace résidentiel dynamise la vie de quartier, mais aussi comment, pas à pas, des parcours doux et adoucis peuvent être créés pour les piétons et les cyclistes.  

LIBÉRER DE L’ESPACE – Afin de créer un lieu agréable, l’espace est libéré par un sens de circulation et les places de stationnement de la rue PICARD straat sont supprimées. Pour les résidents, l’accès en voiture est maintenu.  

DES COINS EN ÉVENTAIL – Au coin de la rue PICARD straat, les trottoirs se déploient en éventail. Ce geste spatial accentue la différence entre le grand axe du Boulevard du Jubilé où la circulation reste importante d’une part et la partie bruxelloise de la rue Picard où le tram arrivera bientôt d’autre part. Ces espaces d’angle ont le potentiel de se transformer en lieux intéressants où, dans le prolongement des bâtiments d’angle, des terrasses peuvent être disposées, les vélos peuvent être garés, on peut prévoir une zone de sortie pour les magasins, des points de repos, ...

DES ACTIVITÉS QUI FONCTIONNENT – L’expérience de la rue d’été nous a appris que les enfants peuvent laisser leur créativité s’épanouir dans un endroit sûr pour transformer leur rue en terrain de jeu. Il n’y a pas de besoin immédiat d’attractions planifiées conçues par des adultes. Les plus grandes réussites se caractérisent par une simplicité et une imagination sans précédent pour faire de la rue un monde ludique à part entière : faire des tours en vélo, jouer avec des blocs Lego, patiner et faire du ping-pong, jouer à des jeux de balle, grimper sur des éléments de la rue qui n’ont jamais été conçus comme un cadre d’escalade, et ceci toujours sous la surveillance des parents, que ce soit dans la rue ou dans les appartements supérieurs. De ce point de vue, ce n’est pas tant le programme que les conditions préalables de sécurité, d’utilisation multifonctionnelle de l’espace, de possibilités de surveillance par les parents depuis ou à proximité de la maison, ... qui sont des facteurs clés pour stimuler l’imagination des enfants dans leurs jeux. 

Autour d’un espace vert central avec des éléments ludiques, une boucle à vélo sera aménagée où les enfants pourront s’amuser en toute liberté.

DÉBÉTONISATION ET UTILISATION DE L’EAU – Pour l’aménagement de l’espace de la rue, on choisit une combinaison d’espace adouci, semi adouci et pavé. Les voies piétonnes et cyclables sont pavées. La voie d’accès aux garages est à moitié pavée et le reste est adouci au maximum. 

L’adoucissement évite la surchauffe. Il permet de planter plus de verdure et d’arbres et le sous-sol est à nouveau utilisé comme une éponge pour retenir l’eau de pluie. Elle augmente la résilience de la ville face aux inondations et aux sécheresses. Les îlots adjacents ont un degré de pavage de 100 % et 80 % respectivement. 

L’espace vert central peut servir de wadi pour infiltrer lentement les eaux de surface. Mais par extension, les canalisations d’eau de pluie pourraient également être déconnectées des maisons et détournées vers l’espace vert. En plus de l’infiltration, le stockage local est également un moyen utile de gérer l’eau locale. 

En intégrant une aire de jeux d’eau, les enfants peuvent utiliser activement l’eau de pluie temporairement disponible. (Bruss’eau recherche activement des solutions pour la gestion locale de l’eau en collaboration avec les résidents locaux)  

RÉUTILISATION DE L’ESPACE – L’ancienne pharmacie du coin de l’avenue du Jubilé est vide depuis des années. Dans la rue d’été, la “bar-macie” était au cœur de l’événement. Pour l’avenir de la rue Picard, il est très important de dynamiser le socle et d’activer la rue. Un bar (à café), un café de réparation de vélos, un “atelier du futur”, ... sont des fonctions qui ont le pouvoir de faire en sorte que cela se produise. 

Images de Filter Café Filtré Atelier

16.09.2020